Vous êtes dans le dossier concernant les universités, les grandes écoles, la formation initiale et professionnelle. Les textes listés ci-dessous sont classés dans l'ordre d'arrivée, le plus récent étant en premier; pour lire les plus anciens, il suffit de dérouler le contenu du dossier (ou utiliser un mot clé).
- Un éclairage sur les grèves des universités fin 2024
- Toujours plus (budget, expl en universités)
- Nouvelle approche sur l’immigration, la transmission et le capital humain
- Universités normandes, classement de Shanghai : peut mieux faire !
- Université en danger
- Grève dans les écoles maternelles et élémentaires

Un de nos adhérents au coeur de la problématique nous fait part d'
Un éclairage sur les grèves des universités fin 2024
Les revendications et motifs de grèves concernent le sort réservé aux universités et à l'enseignement supérieur public en général dans le budget 2025 dans sa version initiale non amendée proposée par le gouvernement Barnier. L'objectif est de protester contre les mesures de ce budget.
Le mouvement "Universités en danger" rassemble de nombreux syndicats ou fédérations de syndicats étudiants ainsi que des syndicats du personnel. D'après la Fédération des Associations Générales Étudiantes (FAGE) 60 universités sur 74 sont en déficit en 2024, soit avant l'application du budget 2025 promettant des restrictions encore plus importantes.
La principale problématique pointée est ainsi la réduction des dotations de l’État à ces établissements. Les grévistes dénoncent plusieurs conséquences à ces diminutions :
- Augmentation des frais d'inscription ;
- Suppression de formations/filières ;
- Fermeture de pôles documentaires/bibliothèques universitaires ;
- Diminution du nombre de TD pour plus de CM (effectifs moindres en TD donc coûts plus importants) ;
- Baisse des capacités d'investissements ;
- Fermeture de campus délocalisés (centraliser les campus = économies d'échelle) ;
- Augmentation de l'endettement ;
- Concurrence avec l'enseignement privé ;
- Fermetures de places en masters.
Ces éléments sont couplés à des difficultés conjoncturelles :
- Inflation (et augmentation des salaires du personnel) ;
- Augmentation des coûts de l'énergie.
En ce qui concerne l'Université de Rouen Normandie (URN), le président (Laurent Yon) prévoit un déficit de 13,5 M€ sur un budget total supérieur à 250 M€ dont 200 M€ de fonctionnement et 50 M€ d'investissement environ. L'URN impute 3 M€ de coûts directement au budget Barnier qui prévoit "d'augmenter, sans compensation, le Compte d'Affectation Spéciale pension (CAS) – destiné au recouvrement et à la gestion financière du régime des retraites de l'État –" engendrant "un nouveau surcoût estimé à presque 3 millions d'euros qu'il prélèverait sur le budget 2025 de l'Université de Rouen Normandie."
Les faits saillants d'un point de vue normand et régionaliste sont à mon sens que les fermetures de campus délocalisés à distance des sièges d'universités (et donc des métropoles) peuvent représenter une rupture d'une équité territoriale déjà fragile. Même si cela n'est absolument pas à l'ordre du jour actuellement, il est tout à fait possible qu'en cas de fortes contraintes budgétaires, l'URN pourrait être amenée à questionner la fermeture de campus tels que celui d’Évreux ou d'Elbeuf. Cela pourrait logiquement valoir pour Caen également, mais je ne connais pas leur situation.
On peut noter également qu'un certain nombre de bâtiments et équipements nécessitent des rénovations voire réparations (croyez-en mon expérience), ce qui ne pourrait qu'être retardé par des difficultés budgétaires.
Malgré tout cela, l'URN reste relativement bien lotie en comparaison de la France entière.
Il convient de garder à l'esprit que le budget ayant été rejeté et M. Barnier étant par conséquent démissionnaire, ces revendications sont en quelque sorte caduques. Cependant, le(s) futur(s) gouvernement(s) pourrai(en)t prendre des orientations similaires et il n'est ainsi pas à exclure que les inquiétudes pointées par les universitaires ne reviennent rapidement au premier plan.
Jbdsl
Commentaire en forme de PS à la conclusion : le gouvernement passe, le probème reviendra.

Toujours plus 6/12/24
expl en universités
Dans la sphère de l'Education Nationale comme dans celle de l'Université, le mantra est "toujours plus de moyens"; c'est en partie compréhensible quand il s'agit de compenser des charges supplémentaires quant aux coûts de fonctionnement, de conformité à l'inflation des normes ou des salaires. Mais il y a d'autres "toujours plus" qui mériteraient une analyse objective et des choix en conséquence.
Toujours plus d'étudiants, surtout dans les filières de "sciences molles" sans débouchés ni intérêt; alors que l'on manque d'artisans et que de nombreux métiers sont en tension de recrutement.
Toujours plus de boursiers sur des critères socio-économiques plutôt que sur des critères de mérite et capacités personnelles.
Toujours plus de grèves et de blocages politiciens voire sectaires sur des thèmes hors sujet au monde universitaire et de façon totalement étrangère à l'ouverture d'esprit qui devrait régner en ces lieux.
Du côté des moins, il y a aussi quelques sujets qui méritent plus d'attention: nombre de prix Nobel, dépôts de brevets, classements internationaux....
Entre les deux, on pourrait trouver: une meilleure orientation des bacheliers, des passerelles de réorientation de parcours à défaut d'une bonne orientation à partir du lycée, des changements de méthodes pédagogiques, des présidents capables de faire régner l'ordre et la tolérance propices aux développement des savoirs.
Tout cela d'une façon générale mais de façon régionaliste, il serait bon de développer les partenariats entre le monde de l'enseignement et celui de l'entreprise dès le lycée car au niveau universitaire le processus est déjà bien pratiqué; évidemment avec les "sciences dures" prioritairement.
Enfin, que les universités populaires, du 3ème âge, culturelles, proposent des sujets d'ouverture pour tous car parmi les trois normandes, il y en a une qui se distingue par la bulle idéologique de ses approches socio-culturelles constituant l'essentiel de ses programmations.
Ce texte nous a été envoyé par un auteur qui tient à son anonymat mais dont nous pouvons garantir la notoriété et le sérieux. Prenons le pour ce qu'il peut nous apporter :
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un éclairage sur le mode de fabrication des études internationales concernant les résultats de l'enseignement des pays comparés,
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un éclairages sur les bonnes questions à se poser pour jauger la pertinence des résultats d'une étude ou d'un sondage.
Quant au reste (les points de vue de l'auteur) chacun les jugera à son tour sans que nous nous prononcions.
Article du 13 mai 2024
1-Marta De Philippis et Federico Rossi ont publié une étude apportant une nouvelle approche sur l’immigration, la transmission et le capital humain (« Parents, Schools and Human Capital Differences Across Countries », Journal of the European Economic Association). Quelles sont les principales leçons de cette étude ? La transmission des valeurs du pays d’accueil, le rôle de l’éducation par les parents et de bons résultats aux classements PISA permettent-ils aux immigrés de deuxième génération de bénéficier d’un meilleur cadre et de meilleures conditions de vie à long terme ?
Les résultats de cette revue scientifique qui accumule les références bibliographiques (pas moins de 50 pour cet article) ne peuvent pourtant pas être considérés comme le dernier état de la connaissance dans ce domaine.
Ils se fondent en effet sur une comparaison internationale qui invisibilise les spécificités françaises en matière d’immigration : prédominance d’une immigration maghrébine et africaine prolifique, importance de l’immigration irrégulière, forte proportion d’élèves issus d’un milieu socio-économique défavorisé, accueil de nombreux MNA (mineurs non accompagnés). D’autre part cette étude très détaillée publiée en 2019 est assise sur les résultats des élèves aux tests Pisa de 2009 et de 2012 que les rédacteurs mettent en perspective avec les niveaux d’éducation du père et de la mère des descendants d’immigrés . Or le programme PISA, créé par l’OCDE et qui se déroule tous les 3 ans, vise essentiellement à tester les compétences des élèves de 15 ans en lecture, sciences et mathématiques. Ces données sont ponctuelles. Même si on les rapproche sur plusieurs années, elles permettent difficilement de reconstituer des cohortes sur toute une scolarité à partir desquelles on pourrait établir des corrélations entre le niveau d’éducation des parents et la trajectoire scolaire des élèves.
De fait, analysant les résultats des tests PISA en 2018 et 2022, l’OCDE se contente d’écrire qu’ « une baisse du niveau généralisée est observée en France sur la période 2018-2022, aussi bien en compréhension de l’écrit et en mathématiques… que les inégalités de genre sont semblables à celles des autres pays… et que la France est toujours l'un des pays de l'OCDE où le lien entre le statut socioéconomique des élèves et la performance qu’ils obtiennent au PISA est le plus fort », ce qui signifie que le travail entrepris pour réduire les inégalités scolaires n’a pas porté ses fruits.
2- Le fait de se concentrer uniquement sur des caractéristiques socio-économiques observables dans l’étude de l’immigration ne sous-estime-t-il pas considérablement l’importance et l’influence de données cruciales sur le plan de la transmission et du niveau éducatif liées au rôle des parents Quels sont les enseignements de l'influence parentale, dont certains phénomènes non observables, au sein de la population issue de l’immigration dans la prise en compte des écarts entre les pays dans les réalisations et les succès en matière de capital humain ?
La question centrale posée par de telles études est de savoir si les descendants directs des immigrés ont de meilleurs résultats scolaires et un cadre de vie plus agréable que leurs parents, et s’il subsiste un écart avec leurs condisciples autochtones. Des éléments de réponse se trouvent dans des travaux comme ceux de Yaël Birnbaum , « Trajectoires scolaires des enfants d’immigrés jusqu’au baccalauréat : rôles de l’origine et du genre ». Éducation & formations n° 100, décembre 2019.
Yael Birnbaum, maîtresse de conférences hors classe en sociologie au CNAM et qui collabore avec l’Institut Convergences Migrations a suivi des cohortes d’élèves français depuis leur entrée en 6e en 2007 jusqu’au baccalauréat à partir du panel constitué par la Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance de l’Education nationale. Elle en déduit que la réussite des enfants d’immigrés en France est inférieure à celle des natifs mais, qu’à niveau social équivalent, les enfants et notamment les filles de parents d’immigrés réussiraient mieux que les enfants dont les parents sont nés en France car l’attente de leurs parents est très forte. Ceci reste toutefois une hypothèse d’école.
Mathieu Ichou, quant à lui, compare les résultats scolaires des descendants d’immigrés en France et en Angleterre (Revue Française de Pédagogie avril-mai-juin 2015). Il constate que le rattrapage scolaire des descendants d’immigrés anglais par rapport aux natifs contraste avec le décrochage scolaire de leurs congénères dans les collèges français.
Dans les cas précités, il apparait que pour atteindre un fin niveau d’analyse, le niveau d’éducation acquis par les parents dans leur pays d’origine qui est un vecteur majeur de la transmission des savoirs, des savoir-faire et des savoirs-être, doit être maillé avec la position sociale acquise dans le pays d’accueil et avec le genre des élèves.
Quand ce niveau de diplôme et ce statut social obtenu sont plus faibles que celui des autochtones alors que les attentes des parents sont au moins sont aussi fortes, les mauvais résultats obtenus par les enfants qui constatent qu’ils n’ont pas été capables de répondre à cette demande, génèrent chez les intéressés un sentiment d’injustice ou de victimisation générateur de violences.
3Cela plaide-t-il pour l’efficacité du modèle de l’immigration sélective, de l’immigration choisie ? Cela donne-t-il des pistes pour contribuer à des résultats positifs sur plusieurs générations en termes d’intégration et de perspectives économiques ou éducatives ? L’approche alternative, évoquée dans l’étude De Philippis-Rossi permettrait-elle de mieux expliquer et d’appréhender les écarts de capital humain entre les pays tout en permettant de mieux comprendre les échecs des politiques migratoires et d’intégration ?
Les parents d’enfants immigrés ont, dans leur grande majorité, consenti de gros efforts pour que leurs enfants aient une vie meilleure que la leur. Pourtant selon l’OCDE le pourcentage de parents impliqués dans les discussions sur les progrès de leurs enfants a considérablement diminué entre 2018 et 2022. L’Etat de son côté a multiplié les investissements en matière d’éducation et de formation, de politique de la ville, d’amélioration du cadre de vie, avec la volonté de rentabiliser ces efforts pour la réussite de l’ascension sociale des enfants et une meilleure cohésion sociale de la nation. Reste que la rentabilité de ces investissements sur le plan social ne peut être calculée que sur le long terme, au moment où les enfants de ces immigrés entrent sur le marché du travail, et que c’est au contraire sur le court terme que les violences sociétales générées par l’écart entre les attentes et les résultats sont visibles.
Ce qui nous ramène à la politique migratoire. Parce qu’il n’a pas anticipé les conséquences des flux migratoires, qu’il a privilégié l’accueil de migrants sur la capacité de les loger, de les former et de leur permettre d’accéder à un travail dans le secteur formel, l’Etat se trouve aujourd’hui dans l’incapacité de gérer des populations qu’il n’a pas véritablement choisies et qui génèrent des conflits très difficilement solubles avec la population qui, elle, est née en France depuis plusieurs générations et a choisi d’y rester vivre.

Escalier de la bibliothèque de l'université du Havre, primé à un concours d'architecture.
Universités normandes, classement de Shanghai : peut mieux faire !
La presse française, quasi unanime, a salué la progression de nos universités dans ce classement aussi prestigieux que douteux.
D'abord les chiffres :
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Paris-Saclay est 12ème mais première non anglo-saxonne ; une suisse est 18ème. Camille Galap vient d'y être élu président.
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4 universités françaises parmi les 100 premières, dans l’ordre : Paris-Saclay, Paris Sciences Lettres, Sorbonne Université et Paris Cité. Heureusement (ou pas ?) la Normandie n'est pas loin... géographiquement.
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Les universités françaises représentent 4 % des 100 meilleures. Si on élargit le classement : 18 universités françaises parmi les 500 premières, soit 3,6 % ; 25 parmi les 1.000 premières, soit 2,5 % mais admettons que la France de 60M de résidents n'a pas la taille continentale des EUA ou de la Chine, il faudrait des éléments de comparaison sur le classement des universités britanniques ou allemandes.
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Tours disparaît du classement mais Poitiers l’intègre ; les critères de classement peuvent expliquer ce jeu de chaises musicales.
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Pour la première fois de l’histoire du classement créé en 2003, les universités chinoises sont les plus représentées: 214 établissements contre 187 pour les États-Unis qui conservent un avantage au niveau du top 100: 38, contre 11.
Ensuite les critères de classement qui expliquent à la fois le prestigieux et le douteux :
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Il est réalisé à partir de six critères: le nombre de prix Nobel et de médailles Fields parmi les anciens élèves et les enseignants, la quantité de professeurs les plus cités dans leur discipline, le nombre de publications dans les revues scientifiques Nature et Science ou indexés dans le Science Citation Index-Expanded et le Social Science Citation Index, ainsi qu’une pondération par rapport à la taille de l’institution.
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Il n'est pas rare d'entendre dire que ce classement a été créé pour expliciter la performance des universités américaines et afin que les établissements chinois puissent s’en inspirer ; si c'est le cas, c'est l'illustration de la parole de Lénine "Les capitalistes nous vendront la corde qui les pendra".
Il faut donc prendre du recul pour expliquer la faible présence française en tête de ce palmarès basé sur des facteurs quantitatifs et mesurant l’excellence de la recherche à partir de publications dans des revues anglo-saxonnes. Pas question ici de qualité pédagogique, d’insertion professionnelle des diplômés ou encore des efforts des établissements en matière d’écologie ; de plus, les sciences dures sont privilégiées par rapport aux sciences molles .
Ces indicateurs manquants sont par ailleurs utilisés dans d’autres classements prestigieux comme le Quacquarelli Symonds (QS) ou celui du Times Higher Education.
Quand on se compare, on se désole aussi : le système français reste complexe et surtout peu attractif: nos universités manquent de moyens et les conditions de travail pour les chercheurs sont loin d’être aussi intéressantes qu’aux États-Unis ou même en Allemagne ou en Grande Bretagne.
En réalité, pour progresser dans les classements internationaux, la loi du 12 décembre 2018 a permis, pour ne pas dire fortement incité, les politiques de regroupement, plus ou moins artificiels, des établissements.
On a du mal à saisir la cohérence de ce type de regroupement avec des universités au sens strict et des établissements autres selon le mode big is beautiful. C’est aussi le meilleur moyen d’accroître la bureaucratie et la centralisation de la gouvernance des universités déjà très accusées à ce sujet.
Quelles voies pour les trois universités normandes ? Une coopération renforcée au delà de l'achat groupé des gommes et taille-crayons, un savoir faire et un faire savoir à partir des critères non repris par le classement de Shanghai ? Cela devrait être fait depuis longtemps et nous pouvons nous demander si nous n'avons pas laisser filer un talent en la personne de Camille Galap, ex président de l'université du Havre qui vient d'être élu à la présidence de Paris-Saclay regroupant CentraleSupélec, AgroParisTech ou encore les instituts universitaires technologiques (IUT) de Cachan, Orsay et Sceaux entre autres....
Que ce classement nous fasse réfléchir et enfin trouver les voies d'une excellence potentielle basée sur les hommes, l'organisation et la promotion de cette excellence.
EV 19/8/24
Université en danger 3/24

MISE EN GARDE POUR LA FRANCE, PAYS DU COPIE-COLLE DES EUA:
Guillaume Perrault a écrit un livre sur la formation des élites aux EUA, il finit par cette mise en garde de François Furet : «Depuis la guerre, les grandes universités américaines sont, en tant qu’institutions, et globalement parlant, les meilleures du monde. Elles sont en danger sérieux de cesser de l’être, au moins pour le domaine des «sciences dures», si elles ne réagissent pas vite contre la politisation qui les envahit peu à peu, facilitée par le recrutement préférentiel d’enseignants issus de «minorités» sur des critères plus idéologiques qu’intellectuels».

Trois syndicats enseignants ont appelé ce lundi 26 août 2024 à la grève dans les écoles maternelles et élémentaires le 10 septembre pour dénoncer la généralisation des évaluations dans les classes allant du CP au CM2.

Les mêmes, paradoxalement car avant de construire il faut évaluer, sont officiellement favorables à la méritocratie républicaine. Savoir où on veut aller est une chose mais, auparavant, savoir d'où l'on vient pour tracer le chemin est nécessaire. Ils n'ont rien appris ceux qui enseignent.