Ruralité, province, crise agricole: dialogue avec Michel ONFRAY
Billet de Florestan 5/3/24:
Nous vous proposons de lire ci-après un dialogue que nous avons eu récemment avec Michel Onfray sur le thème de la ruralité, de la province et de la crise sociale agricole à partir du texte d'un entretien de Michel Onfray donné à Ouest-France sur ce thème dans le courant du mois de février 2024 dans le cadre d'un nouveau magasine, "ruralité" lancé par le quotidien du Grand ouest...
Ruralité Ouest-France
QUESTIONS A l’ATTENTION DE Monsieur ONFRAY
1 - Vous dénoncez souvent une forme de mépris du pouvoir à l’égard du peuple, singulièrement du pouvoir central parisien à l’égard du peuple de province, et vous revendiquez la nécessité de redonner du pouvoir aux provinces pour que le peuple soit davantage entendu et qu’il se sente plus considéré. On peut le lire comme une nécessité pour faire nation et limiter les fractures sociales et territoriales. Dans cette articulation qui consiste à décentraliser le pouvoir, vous affirmez par ailleurs que l’Etat lui-même n’a plus beaucoup de pouvoir, qu’il obéit à Bruxelles, Bruxelles obéissant aux Etats-Unis.
Trois questions que vous pouvez traiter en une seule et même réponse :
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Vous parlez de province. Est-ce qu’il n’y a pas également à considérer l’échelon du pays. Les pays sont historiquement reconnaissables, identifiables par un paysage, un patrimoine qui s’est forgé au travers une longue histoire, à une époque où les populations étaient moins mobiles.
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Je parle de la province et des provinces en effet comme d’un contrepoids au pouvoir jacobin, parisien, centralisateur et centralisé. Je n’ignore pas que le charcutage sollicité par l’Europe de Maastricht et réalisé par le président Hollande avec sa création de communautés de communes et son découpage de régions sans aucun souci de leur histoire, procédait d’un désir d’effacer ce que les politiciens nomment avec un peu de mépris les territoires , un terme d’éthologie qu’on réserve habituellement aux animaux sauvages et qui nomme l’espace contrôlé par le mâle dominant.
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Nous baignons dans le centralisme parisien depuis Philippe Le Bel. En ce sens, le jacobinisme existait avant les jacobins de 1793 et il existe plus que jamais à l’heure actuelle. La critique que les Jacobins font des Girondins démarque les éléments de langage de Robespierre : on ne pourrait faire Nation, selon lui, qu’avec un pays aux ordres d’une tête, la capitale - c’est ce que dit l’étymologie- pilotée par un seul.
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Or on peut aussi faire nation avec des régions : la Corse n’est pas la Bretagne qui n’est pas Mayotte qui n’est pas Saint-Pierre-et-Miquelon ou la Guyane. Ce jacobinisme, sauf s’il est aux mains d’un chef d’État vertueux, je songe au général de Gaulle, devient facilement, via la bureaucratie, un instrument de dictature d’une minorité parisienne sur une majorité de provinciaux. Le logiciel jacobin, dont Tocqueville disait dans L’Ancien régime et la Révolution française qu’il avait été épargné par la révolution, puis augmenté par elle, est périmé.
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A côté de cette nécessité de redonner le pouvoir au peuple, tel que vous le souhaitez, au travers une France girondine, est-ce qu’il n’y a pas aussi d’autres échelons d’intervention à imaginer. Nous sommes face à ce qu’on nomme aujourd’hui de manière un peu fourre-tout des enjeux de transition environnementale par exemple. Est-ce que sur ces enjeux qui ne s’arrêtent ni aux frontières d’une Province ni aux Frontières d’un Etat, il n’y a pas à imaginer un échelon supra et si oui quelle articulation entre les différents échelons pour qu’à la fois nous soyons dans l’efficacité et l’unité…
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Bien sûr. La critique jacobine du girondisme laisse croire que la région serait comme un atome sans relation avec quoique ce soit d’autre que lui !
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Or, il faut donner à la commune un grand pouvoir en dehors de l’actuel fonctionnement jacobin du pouvoir municipal. Je tiens pour un communalisme libertaire avec des maisons du peuple qui seraient autant d’occasions de faire la politique avec plus de démocratie directe notamment avec un recours régulier à ce que les Suisses appellent des votations, en fait, des référendums.
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Je crois également à l’échelon départemental, avant l’échelon régional. Cet ensemble qui permettrait une démocratie plus directe serait bien sûr en relation avec l’État. Actuellement le chef de l’État seul décide de faire ou non la guerre souvent présentée comme d’un droit d’ingérence humanitaire ou d’une lutte contre le terrorisme - Mitterrand avec l’Irak, Sarkozy avec la Lybie, Hollande avec le Mali, Macron avec la Russie. Le peuple français qui est souverain doit pouvoir décider mais il faut une main pour déclencher l’arme nucléaire en cas de besoin. L’organisation girondine n’exclut pas le chef de l’État dont les pouvoirs seraient à redessiner. Je rappelle que ce chef d’État est l’obligé de son peule alors que depuis des décennies c’est le peuple qui est l’obligé de son chef de l’État - qui par ailleurs est lui-même l’obligé de la bureaucratie européiste.
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Le pouvoir n’est-il pas d’abord aux mains des entreprises qui ont toutes leurs sièges à Paris. Si oui, donner du pouvoir politique aux provinces, est-ce que ça changerait fondamentalement les choses ?
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A Chambois, dans l’Orne, dans mon village natal, où il y a une boulangerie, une épicerie, une coiffeuse, une librairie de livres anciens, un ferronnier, un bar tabac, un menuisier, une antiquaire, une scierie, sans oublier les paysans, le pouvoir n’est pas à Paris !
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Ma gauche est proudhonienne, c’est-à-dire que je crois au pouvoir de la mutualisation, de la fédération, de la coopérative. C’est faute de ce genre d’initiatives, à cause de la prégnance du modèle jacobin, que chacun souffre sa misère dans son coin en ne sachant pas s’organiser pour faire face ensemble. La gauche demande plus d’égalité, au détriment de la liberté, la droite plus de liberté au détriment de la liberté, j‘en appelle pour ma part à une égalité et une liberté tempérées par la fraternité.
2- Quelles potentialités pour les territoires ruraux ? Les villes sont souvent considérées comme le lieu de l’innovation parce que les laboratoires, les universités y sont rassemblées, les moyens aussi de communication… A côté de cette innovation scientifique, technologique, est-ce que les territoires ruraux ne sont pas le lieu d’une nouvelle forme d’innovation, l’innovation sociale, toute aussi précieuse. En raison de besoins non couverts, ni par le secteur marchand ni par l’Etat, les habitants des territoires ne sont-ils pas souvent dans l’obligation de se réinventer et donc est-ce que ça ne les place pas à la pointe de cette innovation sociale, imaginant parfois des nouvelles formes de commerce, des cafés librairies, des espaces de travail partagés…
En effet, tout est fait pour les villes et leurs banlieues avec le résultat que l’on sait... Les écoles, les postes, les commissariats, les gendarmeries, les hôpitaux, les maternités ferment dans nos campagnes. On voit fleurir partout des hospices, comme on disait jadis, où l’on parque les vieux, j’aime ce mot dans lequel je mets toute l’affection et le respect qu’on leur doit, parce qu’ils sont devenus improductifs. Les familles délèguent leur affection.
Ces temps-ci le pouvoir maastrichien pense les provinces comme des réserves d’indiens où l’on pourrait envoyer des migrants en quantité ou toute une population gênante qui évolue à Paris et qui ferait mauvais genre pendant les Jeux Olympiques. Voilà comment Paris pense ce qui n’est pas elle en France.
Dès lors à quoi bon un réseau de chemin de fer en campagne, malgré son véritable intérêt écologique, puisque le paquet est mis sur les TGV qui relient les grandes métropoles du pays ? A quoi bon couvrir tout le pays en réseau haut-débit puisque l’exode rural attire en ville tous les talents de la campagne qui trouveront de quoi vivre leur vie professionnelle virtuellement ? Pourquoi des universités en dehors des mégapoles puisqu’on ferme des écoles maternelles dans les villages ? La priorité des jacobins va aux villes, aux métropoles, aux mégapoles et aux banlieues.
3 - A côté de l’innovation sociale, est-ce qu’on ne peut pas considérer aussi que les territoires ruraux sont des espaces sans lesquels on ne pourra pas faire avancer les sujets autour du bien-produire, de l’environnement, de l’énergie renouvelable… et de fait est-ce qu’ils ne devraient pas représenter un centre d’intérêt stratégique qui mériteraient davantage d’attention ?
La campagne ne doit pas devenir le terrain de jeu des écologistes, des bobos, des néo-ruraux condescendants sur les marchés du dimanche qui jouent aux campagnards en s’esbaudissant devant une patate recouverte de terre ou une carotte biscornue.
Elle ne doit pas être le laboratoire des dévots du réchauffisme ou de ceux qui estiment que le bien-être animal prime le bien être paysan. Pour certains jeunes gavés par la propagande d’État dès leur plus jeune âge, plutôt protéger les dauphins que les marins pécheurs, plutôt sauver une fleur mutante sur deux hectares que le tissu rural et agricole, plutôt des éoliennes qui massacrent le paysage (à Chambois : qui défigureraient les paysages des combats de la fin de la Poche de Falaise en 1944…) pour produire une énergie propre mais cosmétique qu’une centrale nucléaire qui rend possible une souveraineté énergétique.
Si la campagne doit être un lieu d’expérimentation, ce sera celui de son extermination au profit, à moyenne échéance, d’une industrialisation mondialisée de la nourriture. La production de la viande clonée, qui économise la souffrance animale au prix d’un dispositif scientifique hyper toxique et polluant, est ce à quoi travaillent les écologistes qui ont pour eux tous les maastrichiens de droite et de gauche.
4 – Au-delà du rapport au politique, de l’économique, qu’est-ce qui selon vous sont les principaux traits distinguant la province de Paris ?
Lire ou relire Balzac : Paris est le lieu de convergence de tous les Rastignac puisque c’est là-bas que s’exerce le pouvoir sur le reste du pays.
La province, c’est le lieu où l’on subit ce qui a été décidé à Paris - après l’avoir été à Bruxelles…
5 - La crise agricole est-elle selon vous une crise économique, politique, sociale… ou plus largement le symptôme d’une crise civilisationnelle ?
C’est en effet une crise civilisationnelle. Elle montre enfin comment fonctionne l’Europe de Maastricht, forte avec les faibles, faible avec les forts, car elle est la courroie de transmission de la mondialisation dont chacun peut voir désormais qu’elle n’est pas heureuse.
Le paysan tel qu’il est décrit par Virgile dans Les Géorgiques a vécu jusqu’au Débarquement du 6 juin date à partir de laquelle les États-Unis, avec leur plan Marshall, mécanisent les campagnes et industrialisent l’agriculture avec leurs chimies toxiques répandue pour augmenter la productivité . Fin du cheval, avènement du tracteur. Fin du maréchal ferrant, avènement du mécanicien agricole. Fin du paysan, naissance de l’exploitant agricole. Fin de l’héritage transmis au fils aîné, pleins pouvoirs donnés aux banquiers.
6 – Pour sortir de cette crise (pas exclusivement la crise agricole), est-ce qu’on ne manque parfois aussi de rêves et d’utopies partagés ?
Nous crevons de rêves et d’utopies partagées. Des millions de morts ont accompagné les rêves et les utopies. Le temps est venu, justement, de sortir des rêves et de utopies. Proudhon ne rêvait pas, il n’était pas utopique, et sa pensée n’a généré aucun goulag - ni même de goulag mental.

Sauvegarde et valorisation des parlers Normands : le site « Paroles de Normands » est en ligne (9/24)
Après quatre années de travaux de recherche, le site « Paroles de Normands » est désormais en ligne. Il permet d’accéder à un peu plus de 250 textes dialectaux écrits en Normandie du XVe siècle à 1918. A terme, il y en aura dix fois plus, ce qui représentera un corpus de plusieurs centaines de textes de tous types (poèmes, pièces de théâtre, articles de journaux, etc.), issus des archives, de publications anciennes et de la presse.
Paroles de Normands est un projet ouvert à la collaboration. Son champ d’action couvre l’intégralité du territoire actuel de la Normandie, et donc tous les parlers existant au sein de la région, mais aussi les aires anciennement rattachées à la Normandie (par exemple les îles anglo-normandes et une partie du Vexin français).
Reprenant le titre d’un ouvrage de René Lepelley, longtemps en charge des études dialectologiques à l’Université de Caen, Paroles de Normands est un projet initié par la Maison de la Recherche en Sciences Humaines (MRSH) de Caen, avec le soutien de la Fabrique de Patrimoines en Normandie et de l’Office universitaire d’Études normandes.
Ce projet s’inscrit dans le cadre du programme de sauvegarde des parlers normands mis en place par la Région Normandie depuis 2019.
Pour aller plus loin 1 (accéder au site Paroles de Normands sur le site de la MRSH) ;
Pour aller plus loin 2 (informations sur le programme de sauvegarde des Parlers normand sur le site de la Région) ;
Pour aller plus loin 3 (les ressources sur le portail de la Fabrique des Patrimoines « Parlers normands »)
REGIONS: après la Corse, la course à l'échalote de l'autonomie..
Billet de Florestan 15/3/24: Et nous? et nous?
Les partisans du centralisme parisien jacobin dénoncent depuis le compromis corse sur l'autonomie l'ouverture d'une boîte de Pandore et le début d'une course à l'échalote pouvant mettre fin, à terme, à l'unité nationale française.
A condition de prendre l'idée régionale au sérieux, à savoir, la coopération active et responsable de la démocratie de nos petites patries provinciales à la renaissance d'une souveraineté démocratique authentique de notre grande patrie française, alors il ne faut pas avoir peur de l'autonomie régionale notamment celle des Corses qui ont tant donné pour la grandeur de la France.
Erasme disait que "le poisson pourrit toujours par la tête":
En effet, si les soi-disant élites parisiennes se montrent encore plus médiocres vides ou nihilistes qu'elles ne le sont actuellement, alors le pire est à craindre avec l'idée d'une autonomie régionale de petites patries provinciales cherchant un vain salut dans un séparatisme voire une indépendance illusoire dont les aspects pratiques ne manqueront pas d'être pris en charge par de grandes puissances économiques ou financières étrangères:
Le cas du Monténégro pris financièrement en otage par la République populaire de Chine pour s'être équipé en autoroutes neuves ou la toute récente prudence face à l'option de l'indépendance pleine et entière des Kanaks de la Nouvelle-Calédonie au constat d'une prise de contrôle du nickel calédonien par cette même puissance chinoise, méritent réflexion.
Vers une pacte girondin de refondation de la France?
C'est pourquoi, pour éviter la crème brûlée à la catalane ou le détricotage de nos grandes nations européennes par l'Union soviétique bruxelloise qui conspire depuis Maastricht à une mise en oeuvre, de fait, d'un état fédéral européen dont la maille territoriale principale serait ces fameuses "euro-régions" qui servent pour lors d'épouvantails à nos adversaires jacobins, mais aussi, pour éviter que les militants bretons, basques, corses, alsaciens d'un certain régionalisme nationalitaire tenté par le miroir aux alouettes du séparatisme indépendantiste ne soient surtout les idiots utiles du parti de la centralisation parisienne farouchement opposé à toute idée régionale ou régionaliste, il devient URGENT d'élaborer politiquement toutes les solutions pratiques d'un régionalisme à la française, celui d'une voie médiane de sagesse entre hyper centralisation parisienne jacobine d'une part et irrédentisme régionaliste séparatiste et indépendantiste d'autre part.
Cette voie médiane est celle du régionalisme normand.
Après la Corse et après la lettre envoyée au gouvernement de Loïg Chesnais-Girard, le président de la Bretagne, voici venir les Alsaciens, les Basques et les Martiniquais dans la grande course à l'échalote de l'autonomie régionale ou, du moins, de la différenciation juridique dans le cadre de la République française pour tenir compte, un peu plus concrètement, des principes de subsidiarité et de différenciation pour tenir compte de toutes nos réalités locales concrètes comme la France déjà centralisée par les rois Bourbons était capable de le faire...
Et si l'on avait pris un peu plus au sérieux la solution visionnaire du Général de Gaulle proposée lors du référendum d'avril 1969 qui proposait d'intégrer le fait régional et provincial au plus haut niveau des institutions de la République française avec un Sénat transformé en parlement des provinces, nous n'en serions peut-être pas là aujourd'hui, à savoir, bricoler, au cas par cas, des solutions d'urgence à l'aide d'une réflexion sur le fait régional proche de zéro!
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L'Alsace espère emboîter le pas de la Corse dans la course à l’autonomie (lefigaro.fr)
Par Le Figaro avec AFP Publié hier à 19:47, mis à jour hier à 20:09
L’accord trouvé avec la Corse suscite beaucoup d’intérêt dans certains territoires comme l’Alsace, la Bretagne ou le Pays Basque, qui souhaitent profiter du mouvement impulsé.
L'Alsace, qui aimerait sortir de la région Grand Est, espère profiter du mouvement impulsé par la Corse, qui vient de négocier avec le gouvernement un projet reconnaissant un statut d'autonomie au sein de la République. «Les Alsaciens sont attentifs à ce qui se passe en Corse, l'attente est forte», note Frédéric Bierry, président (LR) de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA), fusion des conseils départementaux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin depuis 2021.
L'Alsace a été intégrée en 2015 à la Région Grand Est, en compagnie de la Lorraine et de la Champagne-Ardenne, mais M. Bierry, portant la voix de nombreux Alsaciens, aimerait la voir retrouver son autonomie. À ce titre, la récente avancée sur le statut de la Corse «devrait nous arranger», a-t-il déclaré à des journalistes. «On ne peut pas considérer que certains territoires sont légitimes, comme la Corse, à pouvoir avoir des droits supplémentaires à agir, et ne pas prendre en compte d'autres territoires qui ont une histoire particulière, comme la Bretagne et l'Alsace», a repris M. Bierry.
«Ce serait incohérent. Surtout qu'on a une logique démocratique qui appuie notre démarche, et une logique historique et géographique», a ajouté le responsable, tout en cherchant à rassurer. «Nous, notre projet est dans le moule institutionnel», a-t-il poursuivi, rappelant la consultation citoyenne à laquelle 150.000 Alsaciens avaient pris part en 2022. Plus de 92% d'entre eux avaient plébiscité le rétablissement d'une région Alsace à part entière.
Une communauté «historique, linguistique et culturelle»
M. Bierry a souligné ainsi, dans un courrier transmis mercredi au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, que contrairement au projet corse, l'alsacien ne nécessiterait pas de révision de la Constitution. «En Corse, c'est plus partagé, mais en Alsace il n'y a pas de doutes sur l'attachement à la France. Tout ça est de nature à rassurer et à faciliter notre démarche», veut croire M. Bierry, soulignant que «notre démarche est démocratique et pacifique». Le président de la CEA a également espéré qu'Emmanuel Macron s'exprime sur ce dossier en amont des élections européennes, «ça aurait du sens». Cependant, le chef de l'État a quelque peu douché les espoirs alsaciens la dernière fois qu'il a pris la parole sur le sujet, en avril 2023, se disant «attaché à ce que l'on ne crée pas de nouvelles divisions».
Le parti autonomiste alsacien Unser Land a lui aussi salué l'accord trouvé au sujet de l'autonomie de la Corse. La Corse «est une “Communauté historique, linguistique et culturelle ayant développé un lien singulier à sa terre”, selon les termes employés dans l'accord trouvé au sujet de la Corse. L'Alsace ne l'est pas moins», souligne dans un communiqué Jean-Georges Trouillet, président d'Unser Land. «Depuis bientôt 10 ans maintenant, une immense majorité d'Alsaciens réclame la sortie du Grand Est, demande exprimée par tous les moyens démocratiques possibles: pétitions, manifestations, sondages, consultation publique organisée par la CEA, résolutions des conseillers d'Alsace, propositions de loi signées par la quasi-totalité des députés alsaciens», poursuit-il.
«La perspective européenne permet aussi d'avoir une approche plus objective sur les réalités de ce pays. L'autonomie régionale est le standard démocratique en Europe. La France reste encore une monarchie présidentielle centralisée avec des institutions que personne ne nous envie parmi nos voisins. De ce point de vue, l'accord trouvé avec la Corse n'est qu'un timide début de normalisation, un début de sortie de l'âge de pierre», conclut-il. Outre la Corse et l'Alsace, Bretagne et Pays basque ont déjà fait part de leur souhait d'obtenir davantage d'autonomie. Le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, a fait savoir mardi qu'il avait réclamé à Gérald Darmanin de «reconnaître la diversité des territoires dans un cadre commun».